Des tensions avec le gouvernement italien ?

«Nous considérons grave et incompréhensible la décision du gouvernement français de ne pas donner suite à des accords déjà conclus», ont affirmé dans un communiqué conjoint le ministre de l’Economie et des Finances Pier Carlo Padoan et celui du Développement économique Carlo Calenda.

Suite à cela, Emmanuel Macron a appelé jeudi le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni pour «dissiper toute mauvaise interprétation». Il a souligné son souhait «d’un accord qui fasse une large place» au groupe italien Fincantieri, a indiqué l’Élysée. L’Élysée a assuré que «M. Gentiloni était très apaisé» à l’issue de sa conversation avec M. Macron.

Un coût de 80 millions d’euros

Déjà actionnaire à 33%, l’Etat français rachèterait ainsi le reste du capital de STX France, au détriment du groupe italien Ficantieri. La nationalisation de STX «coûtera environ 80 millions d’euros à l’Etat», a indiqué le ministre de l’Economie. «La somme sera prise en charge par l’Agence des participations de l’État«, a précisé M. le Maire, assurant que l’Etat pourra «récupérer cette mise» dès que le gouvernement aura «trouvé une solution industrielle» avec l’Italie et le groupe italien Fincantieri. L’industriel italien, seul candidat à la reprise de STX France, devait initialement reprendre 48% du capital des chantiers et rester minoritaire pendant au moins huit ans. Mais le 31 mai, Emmanuel Macron avait demandé à ce que l’accord soit «revu» afin de préserver les intérêts français.

De son côté, la direction de STX France «prend acte» de la décision de l’État français, mais déplore ce «nouveau délai fâcheux», a-t-elle déclaré jeudi. «Ce nouveau délai est fâcheux car il prolonge une longue période d’incertitude qui est nuisible à notre entreprise, notamment au développement de nos activités nouvelles et au montage de nos financements», regrette dans un communiqué la direction du dernier grand chantier naval français.

Ultimatum du gouvernement

L’Etat français souhaiterait désormais un contrôle à 50-50. Ce que Ficantieri refuse, pour l’heure. C’est ainsi que hier, mercredi, le bras de fer entre l’Etat français et le groupe italien s’est durci encore un peu plus, le gouvernement menaçant de nationaliser temporairement les chantiers, faute d’accord. «Si jamais nos amis italiens refusent la proposition honnête qui leur est faite, l’Etat exercera son droit de préemption», avait ainsi menacé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Un ultimatum qui a été que peu apprécié de l’autre côté de la frontière. «Il n’y a aucune raison pour que Ficantieri renonce à la majorité et au contrôle» de STX, a ainsi répondu le ministre des Finances Pier Carlo Padoan. Les chantiers de Saint-Nazaire, qui comptent 2.600 salariés, ont un carnet de commandes jusqu’en 2026 pour un montant total de douze milliards d’euros.