Les nouveaux modes de procréation en détresse éthique.

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est dit favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes ainsi qu’aux femmes célibataires. Dans son avis rendu public le mardi 27 juin, l’instance s’est prononcée par ailleurs contre l’ouverture de l’autoconservation ovocytaire à toutes les femmes et contre la gestation pour autrui (GPA), estimant notamment « qu’il ne peut pas y avoir de GPA éthique ».

Paul Valadier, professeur émérite aux Facultés jésuites de Paris nous aide à réfléchir.

Le récent avis du Comité consultatif national d’éthique mérite attention et vigilance. Le texte très attendu par l’opinion publique et le législateur résulte de longues discussions, il témoigne d’une délibération poussée, conduite dans le souci d’honorer des positions divergentes, voire opposées. Ces pages très fouillées ont aussi le mérite d’aboutir à des conclusions précises, concernant aussi bien l’autoconservation ovocytaire que la gestation pour autrui, sujets sur lesquels les plus grandes réserves sont avancées. Par contre, l’assistance médicale à la procréation (AMD) est ouverte à toutes les femmes qui la souhaitent.

D’où vient donc le malaise qui saisit le lecteur et qui laisse l’impression d’une détresse de la pensée ? Comment ne pas éprouver un contraste frappant entre la bonne volonté affichée de répondre à des “demandes sociétales” et l’impuissance à avancer une réflexion éthique ou morale un peu ferme ? Malgré toute la minutie des précisions techniques qui émaillent ces pages, on a l’impression que l’émotion l’emporte sur la rigueur intellectuelle. Visiblement le souhait de répondre aux “demandes sociétales”, de supprimer autant que possible les “souffrances” liées au “désir d’enfant”, de faire face, voire d’anticiper les “changements anthropologiques majeurs” qui se profilent à l’horizon, commande les conclusions, de même que la volonté à tout prix d’honorer l’autonomie et le souhait d’enfant chez la femme. Ainsi encore de l’expression étrange des “points de butée” pour désigner les opinions divergentes, nombreuses puisque le texte n’est pas signé par un quart des membres du Comité. S’agit-il d’oppositions majeures, mais si tel est le cas, comment les ranger dans les marges, comme s’il s’agissait de remarques secondaires, ou de concessions bienveillantes à des avis de peu de poids ? On se défend mal de l’impression d’un désarroi des auteurs, fascinés par les “mutations” et démunis pour y faire face

DEPLACE DU CROIX

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